Suis-je authentique ?
L’authenticité, paradoxe d’une qualité et d’un défaut.
Qu’est-ce que l’authenticité ?
L’authenticité, si l’on se réfère à son étymologie grecque, dérive du mot auteur.
Auteur de quoi ?
Auteur de sa vie avant tout. C’est le point de départ de toute la réflexion qui suit.
L’authenticité, sous-tend des valeurs telles que respect, honnêteté, franchise, justesse. Imaginons ces valeurs comme les barreaux mobiles d’une échelle. Mobiles car la vie est mouvement, certaines valeurs peuvent prendre plus ou moins d’importance sur le chemin de l’existence.
Faire régulièrement la liste et le bilan de ses valeurs, permet de peaufiner et de vérifier son authenticité.
Pourquoi la vérifier ? Car dès le moment où je suis perturbée par un événement extérieur, ou une parole, ou un comportement, cela signifie que cela vient toucher une de Ems valeurs. C’est l’effet miroir.
Quelle valeur a été touchée ? Est-ce que je la valide, je l’incarne dans ma vie ? Envers moi ? Envers les autres ?
Une fois que je reviens à l’authenticité, càd à l’incarnation de ma valeur, je pourrai être observateur de l’événement qui touche cette valeur, sans plus y réagir.
L’authenticité demande rigueur et discipline selon ce que l’on veut montrer au monde.
Elle oscille entre le désir de montrer à l’autre et la perception par l’autre.
L’authenticité n’est-elle tout simplement pas en lien avec sa propre vérité ?
Incarner l’authenticité demande du courage. Courage, mot dérivé de cœur.
Ce cœur qui s’est protégé au fil des aléas de la vie. De peur d’avoir mal, de peur d’être vulnérable.
Les croyances répétées, entendues, telles que « l’honnêteté ne paie pas », ou toute vérité n’est pas bonne à dire », ont contribué à l’élaboration de cette forteresse autour du cœur.
Il faut être courageux pour démolir cette forteresse et petit à petit re-créer son authenticité, c’est-à-dire l’être en soi, pur et vierge de la naissance.
C’est un travail de tous les jours qui demande un engagement total envers soi-même.
L’authenticité pure et vierge de nos débuts sur terre, n’est pas le gage que c’est celle-là que nous retrouverons, nous bâtirons.
Quelle que soit l’authenticité montrée et perçue, ange ou diable, elle nous appartient.
En revanche elle répond à une loi universelle, celle du retour « on récolte ce qu’on sème (s’aime) ».
Si je pars du postulat que je suis la personne la plus importante au monde, il devient donc important que je « m’éveille », càd que j’incarne Narcisse dans la mythologie, et non son interprétation psychanalytique (pathologie narcissique, narcissisme).
Cet éveil est un exercice de haute voltige.
On commence doucement, pas après pas. On procède par essais, erreurs, et leçons tirées de ceux-ci.
Parfois l’envie de retourner dans sa tour d’ivoire est grande. Seule le « pour-quoi », le why, permet de garder le cap.
Il y a un enjeu à être authentique, quel est-il ? À chacun de trouver le sien.
Il n’y a pas de bon ou mauvais enjeu. Il y a son propre enjeu.
Qu’il soit d’ordre professionnel, amical, familial, amoureux, il est non seulement juste pour soi, mais il permet également de nourrir l’accroissement de son authenticité.
L’authenticité implique-t-elle la vulnérabilité de la mise à nu du cœur ?
Je dirais oui certainement, pour soi.
Mais « être authentique ne signifie pas que vous pouvez être sous la lumière et que les autres puissent voir à travers vous » Mark Snyder
L’authenticité à tout prix
L’authenticité à tout prix conduit indubitablement au paradoxe qui y est lié.
Il s’agira d’une qualité dans certaines circonstances, d’un défaut dans d’autres.
Afin que l’authenticité se manifeste, cela nécessite d’être minimum 2, c’est-à-dire d’établir une relation.
Ces circonstances sont directement liées à la qualité de la relation que je souhaite avoir.
Suis-je identique en toutes circonstances ? Qui sont mes relations ?
Est-ce que je décide de jouer un personnage de carnaval, de porter un masque, selon mon humeur et mon entourage ?
Si je souhaite des relations fluides, simples, faciles, il sera judicieux que je sois ami, amoureux, amant de mon authenticité.
Mais on joue constamment des rôles.
Dans quel rôle serai-je authentique ? Dans quel rôle aurai-je envie d’être authentique ?
Est-il possible d’être authentique dans un rôle et contrefait dans un autre ?
Pour ma part, oui c’est totalement possible, si l’on est un bon équilibriste.
L’authenticité dans une relation autre qu’intime, amoureuse, est d’autant plus un challenge que l’on côtoie des normes culturelles, des espoirs, des attentes, différents.
Être entièrement authentique ne veut pas dire qu’il faille se révéler, révéler ses valeurs à l’autre. Elles apparaissent de facto dans sa manière de vivre. Ces valeurs qui nous constituent, nous les vivons.
L’authenticité est souvent associée, et parfois à tort, à confiance, crédibilité.
On peut être un authentique « diable », tout comme un authentique leader, inspirant, en qui on peut avoir confiance.
Le paradoxe de l’authenticité apparaît essentiellement dans le milieu professionnel.
Lorsqu’un leader, un manager, dans un souci authenticité, fait part de ses doutes, de ses peurs, à son équipe, cela peut entraîner un véritable désengagement de la part de celle-ci.
Dans ce cas-ci nous sommes face à l’authenticité défaut.
L’authenticité confère autorité et congruence dès lors qu’il a déjà prouvé maintes fois que cela « paie ». En début de parcours professionnel, cela peut être un sérieux frein, voire du sabotage.
Il est indéniable, que pour certains, aller à l’encontre de ses inclinaisons naturelles, afin de coller au moule d’entreprise, de rester dans une forme de confort, peut conduire à un sentiment d’imposteur.
Cela demande à nouveau du courage, confiance en soi, en ses compétences, en ses talents, et une connaissance de soi.
Cela demande également, une grande acceptation que rien n’est figé, et que l’enjeu dans une entreprise par exemple, tout comme dans une famille, est de trouver cet équilibre entre sa personnalité et son équipe, ses collègues, sa fratrie …
Authenticité et apprentissage
L’authenticité dans l’apprentissage est une qualité qui est fondamentale si l’enseignant a le désir profond d’accompagner le développement de son élève.
Si je reprends la définition de Carl Rogers, l’authenticité est la capacité à être au plus près de soi.
Un enseignant authentique, est celui qui n’a pas de façade, de masque, celui qui confère de la congruence. Dès lors l’ apprenant, celui qui est dans l’apprentissage, peut évoluer dans un rythme soutenu, sans pour autant être néfaste.
L’apprenti, qui est la première étape vers la maîtrise, aura d’autant plus de chances d’accèder à son individuation, à savoir l’élévation de sa conscience, de gagner en connaissance de soi, que son enseignant est authentique et lui donne accès à son authenticité. Le but final étant celui de lui permettre ainsi de développer son esprit critique.
Lorsque je suis dans mon propre jugement, je suis en perte d’authenticité. Je ne suis plus connectée à mon cœur. Je ne m’aime plus.
Or, s’il y a bien une chose que l’apprenti vit trop souvent, c’est ce jugement pernicieux.
Et c’est là que le rôle de l’apprenant est important.
Accepter l’autre tel qu’il est, accepter l’autre dans son potentiel, lui permettre de s’exprimer.
Entourer l’apprenti de son authenticité, connecté à son cœur, va permettre à celui-ci de se construire, de s’ «armer » pour aller plus en avant sur le chemin de sa vie.
L’authenticité est un processus actif, créatif, qui consiste non pas à révéler mais à créer quelque chose qui relève du soi !
L’artiste en moi a envie de dire que l’authenticité est un processus en perpétuel création.
Et l’auteur dans tout ça ? Celui que l’on nomme auteur dès lors qu’il a édité un livre.
Je dois avouer que c’était une question qui ne m’était pas venue à l’esprit jusqu’à ce que je franchisse le pas de l’écriture de mon premier livre.
Auteur, même racine que authentique.
Suis-je authentique dans mon rôle d’auteur, endossé le temps d’un livre ?
Suis-je écrivain lorsque je rédige des articles, ou des newsletters.
C’est un vaste sujet et je laisse Odile Jacquemet en parler, elle le fait divinement bien.
J’aime tout particulièrement le passage avec la langue des oiseaux, avec laquelle je jongle de plus en plus avec beaucoup de joie et d’amusement.
Après avoir lu son article, je suis à la fois auteur et écrivain. Mais est-ce si important de savoir quelle étiquette se donner ?
Je pense que non, car justement chaque étiquette est une case dans laquelle on se place, on nous place.
Et être authentique c’est avoir la capacité de sortir et entrer librement dans toutes ces cases que l’on s’est créées ou dans lesquelles on nous a placé.
Etre authentique c’est sortir de la personnalité, avec les persona (masque en latin), pour revenir à son essence, à qui on est, vraiment, au fond de soi.
Vous l’avez compris, être authentique est un chemin long, sinueux. C’est un choix de vie. C’est une décision qu’un jour vous avez prise, et elle peut être lourde de sens.
La crise sanitaire est venue réveiller ce désir ou non d’être authentique, cette capacité ou non de l’incarner cette authenticité. Car cela demande des sacrifices et ai-je envie, suis-je capable de vivre en faisant des sacrifices ?
Personnellement, je remercie cette crise car elle m’a permis que non seulement j’en étais capable, mais surtout que c’était fondamental pour moi. Il n’y a pas d’autres chemins que l’authenticité pour moi.
Finalement la seule question à se poser est « ai-je envie, besoin, d’être authentique ? »
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